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Dégueulando

Dégueulando
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13 décembre 2008

meloncalie

morceau à la guitare

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28 septembre 2008

L'Art officiel

Un article du Canard enchaîné relatif à l'exposition de Jeff Koons dans le château de Versailles retient notre attention ; il faisait état d'un possible dénigrement de l'exposition en question par les guides coutumiers du site, et d'injonctions, accompagnées de pressions, de la part de la hiérarchie, pour que ses choix ne fassent pas l'objet d'un désaveu quelconque de la part des guides ou d'autres subalternes. L'article concluait sur le ton satirique d'usage à peu près ainsi :
"…et si vous n'êtes pas d'accord avec le nouvel art officiel, au goulag !"

Nous tenons à préciser que cet art officiel là, en tant qu'art, s'il n'est pas sans comparaison avec l'art officiel du rapport Jdanov dans l'écho qu'il donne du pouvoir, en termes d'esthétique, et du pouvoir dans sa forme criminelle, n'est cependant pas un art si régressif. Jeff Koons est un artiste qui a fait d'autres choses qu'épouser une 'actrice italienne et des commandes publiques. Mais surtout, un art officiel n'est possible qu'avec de l'envergure, et, de ce point de vue, il vaut mieux cet art officiel-là qu'un art dit français, notamment tel qu'un jeune chroniqueur de France culture le caractérisait vendredi dernier je crois, à propos de Georges Perec (voilà une œuvre d'envergure), dont il disait l'influence sur l'art contemporain français. Non seulement il se trompait sur l'importance de Perec, sa force, et le sens de son influence (que Perec ait influencé les artistes, c'est signe de sa force, mais que les artistes aient subi l'influence de son œuvre ne peut suffire à en faire de bons artistes), qu'il situait comme celle d'une orientation "conceptuelle" de l'art, mais il omettait en plus de dire que comme caractéristique française contemporaine, le fait conceptuel révéle surtout un art de wagon de queue.

18 septembre 2008

Du grain à moudre…

L'émission de radio (Franc culture) dont ce post épouse l'intitulé s'était donné pour thème, ce soir, la rentrée littéraire… marrant. Parmi les invitées, l'une des premières confirme, sur la question de l'un des animateurs de l'émission, que les ventes les meilleurs ne sont pas celles pronostiquées (donc soutenues) par la critique. Ainsi, pouvait-on entendre dire, Amélie Nothomb (que je ne lis pas) qui est en tête des ventes n'a pas fait l'objet "d'articles dans les journaux les plus importants". Faux ; je ne lis pas tellement les journaux mais j'ai lu un article enthousiaste sur le livre de cet auteur dans le Canard enchaîné, voilà deux semaines. Soit les invités et les journalistes de l'émission "Du grain à moudre" ne lisent pas les journaux ; soit ils n'estiment pas que le Canard enchaîné puisse être un journal important. Il faudrait non seulement leur apprendre à lire, mais encore à compter, puisque l'hebdomadaire satyrique est le seul (compter donc jusqu'à un) journal qui, sur huit pages, consacre plus d'une demi-page, de chaque numéro, à la parution de livres, dont un article principal sur quatre colonnes, généralement au sujet d'un roman. Pour quelle raison cet article n'aurait-il pu déterminer une partie des ventes ? Il est paru dès la dernière semaine d'août, dans un journal sans publicités (là encore le seul), qui inspire donc confiance — car le lectorat n'est pas si con ; comme disait l'autre jour Eli Barnavi : quand on pose une question idiote à l'opinion, il donne une réponse idiote —, et qui est lu par une grande variété de catégories de la population, simplement parce que c'est un journal qui fait appel au bon sens plutôt qu'au bon goût. C'est donc si difficile à comprendre ? À l'évidence, le grain à moudre n'est pas générique : il n'y en a qu'un.

12 septembre 2008

La source du titre…

J'emprunte l'intitulé de ce blog au traducteur du "Traité d'harmonie" d'Arnold Schönberg, Gérard Gubisch (éditions J. C. Lattès), qui donne ainsi le texte de l'auteur, p. 73 :

" Comment est-on arrivé à l'emploi généralisé des dissonances ? On en est réduit là-dessus aux conjectures. De toute façon, cela a dû arriver peu à peu et la tentative de mêler aux consonances les harmoniques éloignés — c'est-à-dire les dissonances — n'a dû être entreprise au début qu'occasionnellement et avec grande prudence. J'imagine qu'on les fit d'abord passer pour ainsi dire furtivement en faisant glisser par exemple sur la tenue d'un accord parfait du type 'do-mi-sol', à une autre voix, un 'sol' en valeur longue vers un 'mi' également en valeur longue sur un 'fa' d'une extrême rapidité. Quelque chose d'analogue à un 'portamento' ou 'glissando' (que l'on nomme en dialecte 'schmieren' : baver) dont les sons qui le composent sont à peine identifiables."

Et Gérard Gubisch ajoute une note ("N.d.t.") qui renvoie (sic) au mot baver par lequel il a traduit "schmieren" :

"Nous traduirions plus justement (mais plus vulgairement) par 'dégueulando'."

10 septembre 2008

Jeff Koons à Versailles…

On commence plus tôt que prévu, sur l'impromptu, dans un domaine que la bannière n'annonçait pas, une exposition artistique, et que l'on n'a pas vue ; ça tombe bien…

Voilà donc Jeff Koons qui fait une exposition dans le château de Versailles. Déjà, rapportait notamment Corinne Rondeau dans le journal de midi, des mécontents trouvent la chose déplacée : des groupes de personnes d'orientation catholique, et peut-être royaliste, estiment que c'est une atteinte à l'intégrité patrimoniale etc. ou ce genre de chose, non seulement parce que c'est clinquant, mais aussi parce que c'est pornographique. Est ce que l'anus de la Cicciolina qui bâille tandis que la verge du Koons s'y est enfoncée présente une image en désaccord "fondamental" avec celle l'immaculée conception ? Bien-sûr que non… Ces orientés catholiques du patrimoine sont à ce point abrutis par le poids des siècles qu'ils vénèrent qu'ils rendraient presque sympathisant des sales gueules de l'Union pour la Majorité Présidentielle.

Par contre, il est un fait qu'une exposition des œuvres de Jeff Koons dans les salles du château de Versailles n'est pas anodine, notamment quant à l'image du pouvoir qui en découle… Le choix d'un artiste de cette envergure était évidemment nécessaire, compte tenu du site, et Koons est encore "jeune", ce qui permet de faire jouer à plein régime le contraste des genres. Mais c'est également un artiste emblématique du travail d'entreprise en art ; la sous-traitance, le travail des assistants, de l'atelier, etc. se présente de façon plus discrète chez un peintre, Gerhard Richter par exemple, et si l'on peut toujours dire que des tableaux n'auraient pas assumé si bien la faute de goût sur-jouée que ne le font les pièces de Koons, reste que c'est davantage la personnalité artistique qui se trouve exposée à Versailles. Et que ce personnage est plutôt celui d'un Rubens que d'un Caravage. Ou encore, celui d'un homme qui instrumentalise son œuvre, même au déficit de celle-ci, quitte à la dévoyer, pourvu que cela rehausse son personnage — toutes choses que le président de la république française affectionne. C'est un artiste-homme d'affaires qui est montré à Versailles ; ce n'est plus l'image tranquille ou paresseuse d'un Brancusi qui sculpte une poutre à la hache, de Duchamp qui, par flemme de se procurer une scie, coupe une plaque de métal en y perçant en pointillés des trous avec une perceuse, sans même songer à emprunter une scie à son beau-fils qui rapporte l'anecdote. Ce n'est plus Picasso lançant cet axiome : pour qu'une toile se vende des millions, il faut qu'elle ait commencé par se vendre pour une bouchée de pain. La France se relèvera-t-elle de la modernité ?

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